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5 juin 2011 7 05 /06 /juin /2011 21:23


ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 13

 

Les frères aînés

 

 

Mon tout cher lecteur et lectrice,

Me revoilà parmi toi. Te rappelles-tu de Dorado ? Non ? Relis alors l’extrait nr. 3. C’est le benjamin de la famille !

 

Pour compléter la fratrie, voici un extrait qui indique les traits de caractère de mes deux frères aînés :

Léonino, l’intellectuel, et Dynamito, l’émotif.

 

Surtout, mon lecteur préféré, ne quitte pas Royaumine ou l’herbe je-veux, demeure patient au fil du temps, ta lecture slow-read te récompensera…

 

Royaumine princesse de la colline

 

&  &  &  &  &  & 

(…)

 

Léonino étudie les philosophes illustres de l’époque des astres et formule en quinze phrases et une même respiration une thèse que Dynamito traduira en trois mots.

«Si tu n’obéis pas, je te flanque une raclée », dirait Dynamito, tandis que le message roucoulerait comme suit de la bouche de Léonino : « si j’émets la prémisse que toi et moi symbolisons deux entités autonomes et affranchies dans un espace-temps gratifié d’une perspective des événements dissociée, et que nos esprits sont dotés d’une aptitude au discernement, imbriquée et huilée dans nos systèmes de réflexion cognitive et de schémas acquis dans des conditions-cadres redéfinies dans un rapport de cause à effet, en considérant ma perception subjective et tendancielle des valeurs prédominantes, et bien sache que je ne cautionne ni ton acte, ni ne partage ton dogme inconséquent et querelleur. »

 

Quand Léonino ouvre la bouche, les enfants dégagent leur goûter du fond de leurs cartables, choisissent des pierres rondes qui feront office de chaise, s’assoient confortablement en rang serré, boivent une gorgée d’eau et une fois installés, l’intellectuel aura juste eu le temps de verbaliser l’introduction.

 

 

(…)

 

La naissance a bloqué Dynamito entre l’aîné et le benjamin, et cette fonction ne lui sied point. Pour compenser cet état de fait, il prend les rênes et le rôle du chef en toute situation. Grâce à sa force de persuasion, il gouverne son monde d’un claquement de doigts. Sa puissance, c’est de ne pas montrer sa faiblesse, et s’il se sent menacé, il redouble l’emprise pour abattre l’adversaire.


(…)

 

Les cheveux de Léonino reflètent la nuit, bouclent sous la pluie, et son regard fluide transperce les jonquilles. Sa peau dorée rappelle son lien de sang à Dorado. Quand il prend la parole, la bouche se tord vers le nez, le sourcil gauche frétille, et les phrases se succèdent sans point ni virgule, dans une verve et un vocabulaire d’une telle complexité que sa sœur n’en appréhende qu’un vague fragment. Elle acquiesce néanmoins par un mouvement lent du menton en signe silencieux de connivence.

 

(…)

 

 

 

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.  

 

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22 mai 2011 7 22 /05 /mai /2011 19:56


ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 12

 

La petite sœur….

 

 

Cher lecteur, chère lectrice,

Comme il me paraît compliqué de t’offrir chaque semaine un extrait de l’histoire, sans t’en dévoiler trop…

D’ici là que Royaumine et l’autre héroïne se retrouvent dans un vrai livre issu du bois, je continuerai cet exercice de haute voltige : te faire envie sans te lasser…Toi, mon lecteur, es le seul à pouvoir en juger…

 

Ce soir, cher lecteur, chère lectrice, je t’invite à ouvrir ton cœur, en toute simplicité, en toute humilité. Tu découvriras alors le secret de la petite sœur de notre héroïne des temps modernes (dont le prénom te sera dévoilé un jour dans le livre).

Voici comment elle la voyait, de ses yeux de grande sœur…

 

 

L’auteure

 

&  &  &  &  &  & 

 

 

(…)

 

Coquette et délicieuse, ma sœur diffusait une conscience de grande personne. S’exprimait comme une adulte. Convoitait comme une adulte. Conquérait comme une adulte. Transgressait les règles que son âge imposait: vernis à ongles, escarpins, rouge à lèvres, robes moulantes, parfums.

 

Sarah. Dix ans.

 

Elle incarnait à elle seule les revendications du globe. Voulait tout, tout de suite, tout le temps. Une appétence qui aurait déstabilisé le meilleur psychanalyste. Pas ma mère. Elle, un océan d’indulgence et de générosité.

 

Sarah est née sous les auspices de la douceur et de la fragilité. Une sensibilité exacerbée, une émotivité dilatée dans une bouffée immaîtrisable. Féminine comme une âme creusée par les rides de l’expérience.

Malgré son univers clôturé auquel personne n’avait accès, elle se mettait en scène là où elle le pouvait. Une carapace bâtie dans les abysses de son esprit. Se positionnait en attaquante pour ne pas avoir à se défendre. Sa perméabilité à l’environnement contredisait son outrecuidance affichée en public. Elle butinait d’un état d’euphorie à une crise de rage. Par le simple fait d’un mot, d’une circonstance, d’un détail infime qu’elle seule avait capté. Un mystère sans concessions capitonnait son petit être, la projetant sur la scène des extrêmes.

Toute vêtue de danses et de chants, elle s’exhibait sans retenue devant ses camarades d’école. Ses boucles rousses qui virevoltaient comme des torrents en furie sur les épaules écrasaient toute adversité. Yeux verts en amande, immenses et enjolivés de longs cils comme la nuit. Pommettes rehaussées de taches de rousseur.

 

Une diva.

 

Elle remuait les armoires de notre mère en quête d’un vêtement sensuel, d’une couleur solaire, d’un tissu aérien, d’une forme éclatante. Un réflexe de rejet de ce corps enfantin qu’elle se refusait d’habiter.

Chaque inspiration et expiration de Sarah imbibait les stratosphères ésotériques. Ce qu’elle touchait se métamorphosait en magie, en reflet irisé et féérique. Ou en cauchemar. Deux excès entre lesquels seul le vide se trémoussait. Son sang amalgamait les accords de l’enfance fabuleuse à la trajectoire de l’adulte meurtri.

Du haut de ses dix ans, elle maniait son ascendance sur moi comme une négociatrice d’affaires aguerrie. Ma soumission frisait l’aveuglement. Un rôle qui, au fond, seyait à ma personnalité.

 

(…)

 

 

 

 

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.  

 

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6 mai 2011 5 06 /05 /mai /2011 21:06

 

ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 11 

L’insomnie…

Toi aussi, chère lectrice, cher lecteur, tu t'y connais pas vrai?

Notre héroïne de l’autre monde (du monde réel donc), en connaît tout un pan… c’est qu’elle vit tant de choses depuis qu’elle a quitté son mari sur un coup de mots (voir extrait numéro 2).

 

Mon cher lecteur, ma chère lectrice, entre dans le silence de la nuit, et de son langage. Ecoute ce qu’elle a à te raconter…

 

Dans ce silence, je profite pour remercier tous les messages de gentillesse que vous m’envoyez au fil des semaines…

 

L’auteure

 

&  &  &  &  &  &  &

 

(…)

Quelque chose se produit lorsque je me couche. Une chose inexplicable tapie entre le drap et la peau : je sais si la nuit me conduira vers la réparation cellulaire, ou pas.

La petite veilleuse allumée, le duvet tiré jusqu’au menton, les yeux ouverts scrutent à la ronde. La tête scénarise le fil de la journée, geste après geste, échange après échange. En boucle. Jusqu’à ce que les plus infimes détails trouvent leur rôle dans le décor.

Puis j’interprète. J’accentue avec emphase les conversations. Les intentions simples et les regards banals deviennent de grosses boursouflures.

Je regarde les reflets du lampadaire extérieur danser au plafond. Je me tourne sur le côté. J’écoute ma respiration.

La fatigue extrême s’appesantit sur l’hypertrophie des pensées comme une cavalcade paranoïaque. Sur le point de basculer, l’encoche de rupture entre l’éveil et le sommeil frappe un coup violent sur la soupape des angoisses, et il m’est dès lors impossible de m’endormir, aussi éreintée que je sois. La sensation de perdre toute maîtrise lorsque j’entre dans la minuscule fêlure érigée entre l’éveil et le coma artificiel cimente la résistance. Là, je sais que la nuit maintiendra les soubresauts de mon corps.

J’ai chaud. Très chaud. Je me lève, je bois. Je me recouche. « Cette fois, je suis fatiguée, cette fois je m’endors. » Seule avec l’obscurité. La réalité m’apparaît absurde dans le silence de plomb qui cousine avec les tuiles sur le toit. Prostrée dans mon microcosme, je n’arrive plus à voir au-delà du lit.

Dieu est abstrait, fugace, irréel. Ce qui est palpable, c’est ma respiration, ce tableau, cette commode, ce duvet, cette armoire, ces rideaux qui martyrisent les ombres sur le mur.

La matière du jour diffère de celle de la nuit. Une division par mitose. Le corps nocturne paraît plus exacerbé, plus aigu, plus fragile, plus exposé, plus dense. Déposé dans un espace où les pensées finissent par s’épuiser, s’apaiser, sans pour autant se réconcilier avec le sommeil. Les antagonismes s’assoupissent. La substance lévite, n’exige plus rien, ni nourriture, ni eau, ni mouvement. Du repos.

La réalité se déplace dans l’irréel comme le souffleur de verre qui chauffe la boule au bout de sa canne, la souffle pour créer le vide intérieur, l’étire, l’aplatit, la perce et lui offre un territoire vierge. Une œuvre d’art dans une bulle d’évanescence, juste pour qu’on en saisisse son essence, son âme.

L’insomnie m’ordonne de rester suspendue au réel. Le sommeil m’attrape par le bras et me pousse vers ses furtifs limbes psychédéliques.

Au réveil, par un seul geste et un clignement des yeux, j’efface toutes les sensations nocturnes comme le coup de poussière efficace d’un chiffon antistatique. La vie réelle renoue avec l’odeur du café. La nuit et ses fantômes regagnent leur fonction au fond des draps transpirés et chiffonnés. Soulagement.

 (…)

 

 


Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.  

 

 

 

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29 avril 2011 5 29 /04 /avril /2011 21:09


ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 10

 

Bonjour toi qui me lis!


La fin de la trilogie approche : je t’ai parlé de Chef Fernand dans son espace sucré, je t’ai raconté mon aventure chez Monsieur Blaque le sommelier, voici un extrait concernant Chef Cavici, le chef d’orchestre des espaces gourmands du château…

 

Pchhttt…. Emplis de silence ta chaume avant de commencer la lecture. Nous sommes dans le monde du slow read, ne l’oublie pas !

Silence en ton antre… et déguste les mots de Chef Cavici….

 

Royaumine princesse sur terre

 

 

&  &  &  &  &  &  &

 

(…)

Royaumine ! Accours ici que je t’explique le plus exaltant métier du monde ! Vois-tu en moi un artiste ? Je suis peintre ! À l’aube, sur la table, un bataillon de produits s’exhibe dans son apparat le plus brut. Couleurs, textures, saveurs, et goûts conquièrent les lieux dans un chaos silencieux. Je m’assois et médite en les observant, en les touchant, en les humant. J’attends l’inspiration aérienne et pétillante qui remue mon ventre et renverse mes tripes. C’est alors que j’attrape les pinceaux, effleure les coloris et improvise des compositions molles, liquides, croquantes, des tonalités contrastées, violentes, ou tendres. Des mixtures se bousculent sous mes doigts et dévoilent quelques heures plus tard la floraison d’une œuvre culinaire troublante et évocatrice de mémoires lointaines. Mon monde puise sa source dans l’éphémère, dit-il presque triste, et ma peinture se défait dans les estomacs. Rien ne demeure excepté le souvenir éclatant d’un ruissèlement complexe et rond sous le palais. Tu avales, et l’ultime pirouette du chef-d’œuvre se perd dans les méandres de l’inéluctable digestion. Conserverais-tu un os, ou une feuille de salade en t’exclamant « Ah, voilà qui me rappelle de beaux souvenirs » ? Bien sûr que non. Chaque jour, je me dépasse, je m’évade au-delà de l’imaginable, de l’impossible, du surréel. À défaut d’un souvenir matériel, je suis contraint de construire des réminiscences immatérielles, intangibles, gravées entre les orteils et les cheveux, à mi-parcours entre le cœur, l’âme et la tête. Je les exprime à travers des structures qui s’opposent ou qui se complètent en bouche. A reine nature, si généreuse et abondante, je rends hommage en jouant avec des matières légères et onctueuses, ou des alliages acidulés et sucrés. Aucune géométrie, aucun bouquet, pas un trait de pinceau ne trouvent grâce auprès du hasard. La destinée du produit est calculée, réfléchie, c’est pour ça que le palais s’en souviendra à perpétuité. Comprends-tu ma fille pourquoi seule la perfection trouve ses lettres de noblesse dans cette activité ? Le droit à l’erreur n’obtient aucune concession, jamais. Rien ne me procure autant de bonheur que la création d’un monde qui se modèle sur les mouvements de mon âme à l’instant où je flatte un fenouil, hume un navet, ou cisèle un cerfeuil. Aucun profane ne peut entendre la dimension éternelle de cet art. Sur mon lit de mort, je veux pouvoir déclarer que j’ai honoré au plus près de ma conscience le Décret Royal sur le Festin, et que ma cuisine fut une consécration à la générosité et à la jubilation. Viens vite, nous remontons à l’étage, il fait trop froid ici pour toi.

(…)

 

 

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.  

 

 

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21 avril 2011 4 21 /04 /avril /2011 21:39

 

 

 

ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux   

Extrait 

Numéro 9 

 

Chère et cher Toi qui me lis,

Je t’ai promis trois extraits de mon initiation dans les espaces gourmands. Promesse tenue : aujourd’hui, je te raconte une petite aventure vécue chez Monsieur Blaque, le sommelier, chez lequel je me suis ennuyée au début, puis plutôt amusée…

 

Ecoute plutôt…

 

 

 

Royaumine, princesse des collines

 

 

&  &  &  &  &  &  &

 

(…)

 

En dépit des efforts exercés par Monsieur Blaque, Royaumine s’ennuie et pense à son herbe qui l’attend sous une forme encore inconnue, cachée entre une fourchette, un moule à tarte, et un hypocras.

Le sommelier, dont l’égocentrisme atteint les cimes quand il s’agit de défendre ses produits, poursuit sans concessions son pèlerinage.

 

Quelle robe brillante pour ce cépage unique qui provient du Royaume des Arbres Eternels ! Le premier nez le dessine ouvert et complexe. Suivent de près les fleurs blanches comme le chèvrefeuille. Le deuxième nez annonce des fruits exotiques comme l’ananas. Flaire Royaumine, n’y découvres-tu point une pointe beurrée et briochée ?

 

Comment peut-on sentir dans une boisson une odeur de beurre et de brioche, se questionne Royaumine, bien décidée à ne pas céder à son instructeur la moindre parcelle de participation active.

Il ouvre alors le robinet d’une autre barrique, en retire une grande quantité dans un récipient. Il en expire très fort l’oxygène, comme s’il allait la gober tout entière, et se gargarise la gorge avec un trait qu’il vient de faire couler en bouche.  

 

— Tiens, inspire celui-là : une robe grenat foncé, avec une profondeur noble, des nuances violines et une viscosité marquée. Au premier nez, finesse et gracilité avec des arômes de fruits noirs, comme la mûre et la cerise, suivis d’une expression aristocratique du groseillier. Ah, ça alors, je décèle une masse tannique très ronde malgré sa jeunesse. Un vin complexe et versatile qui allie virilité et élégance. 

 

Il autorise Royaumine à planter les narines dans la carafe. Mais cette dernière, exaspérée de ne pouvoir goûter aux délices de l’ivresse, l’empoigne, et avant même que Monsieur Blaque n’ait pu réagir, boit goulûment le contenu entier.

 

— Royaumine, qu’as-tu fait ? Mon Dieu, ta mère ordonnera mon lynchage sur la place publique ! Vois-tu mon doigt, là ? Regarde-moi dans les yeux !  

 

Royaumine, ayant englouti en dix secondes la quantité équivalant à une tasse de chocolat fondu, s’esclaffe d’un rire convulsif. Monsieur Blaque pivote dix fois sur lui-même en se tenant la tête et égrainant paniqué « mon Dieu, mon Dieu, mon Dieu. »

Il appelle Chef Cavici au secours, et éfaufile frénétiquement des phrases sans parvenir à lui expliquer ce qui s’est produit.

Chef Cavici constate le résultat final, et dans leur impuissance, les deux hommes décident de garder la princesse jusqu’à ce qu’elle ait purgé tout l’alcool. La fillette rit et danse, titube et trébuche sur un fût. Cavici lui ordonne de manger le pain et le saucisson qu’il lui tend et lui administre six cuillères à soupe d’huile de ricin contre les émanations d’haleine.

Les acolytes observent l’évolution de son état, et lui font ingérer encore un morceau de fromage, en terminant par un litre de lait. Coriace, la fillette se gausse et s’amuse. C’est ainsi que Monsieur Blaque et Chef Cavici, après l’avoir recouverte de vêtements chauds trouvés dans une pièce obscure du sous-sol qui fait office de cave pour Henri, optent pour la solution radicale : elle purgera les relents d’alcool dans une barrique vide. Les deux bougres prient le ciel afin qu’aucune envie compulsive de rendre visite au sommelier ne s’empare de Mère Reine.

Royaumine, émoustillée, s’endort lourdement et rêve. Son voyage onirique l’emporte sur une barrique de vin, à laquelle elle est attachée pour contrer le vent qui lui fouette le visage, au-dessus de la forêt et des clairières qui surplombent le château. Devant elle survient entre les nuages un vol d’oiseaux étranges, tout petits et marron, de forme ovale, qui ressemble curieusement à un essaim d’abeilles. Plus elle s’avance, plus elle écarquille les yeux : les objets volants lui rappellent les cabosses de cacao ! Son cerveau étant transpercé par la conviction qu’elle a enfin découvert l’herbe je-veux, elle engage une course-poursuite en frappant des pieds son tonneau comme si c’était un cheval. Sous l’emprise d’une rapacité sans précédent, possédée par un tempo fébrile et déchaîné, elle bat croûte terrestre, océan et ciel, à croire que sa survie dépend des fruits du cacaoyer. Malheur à son fût incapable de s’approcher de la colonie !

La galopade s’achève lorsque son moyen de transport s’arrête brusquement dans les nuages et qu’elle tombe à pic sur la terre ferme. Dans la chute libre, tandis qu’elle s’époumone de frayeur, un homme apparaît, sourit, et lui signifie sans ouvrir la bouche qu’elle obtiendra l’herbe le jour où elle cessera de s’acharner sur la volonté. Une lumière jaune intense et apaisante émane de cet être sorti du néant. Avant même d’avoir pu lui poser des questions sur sa curieuse morale, elle s’écrase au sol dans un cri qui la réveille brutalement, pour constater qu’elle est emprisonnée dans le baril.

Elle hurle au secours et Monsieur Blaque accourt promptement. Royaumine, experte en secrets et cachotteries, promet de taire cet épisode, qui l’a personnellement bien amusée, à la condition d’obtenir une fois par semaine un fruit du cacaoyer. Estimant ce chantage de circonstance, les deux compères acquiescent au caprice. Mais quand ils en touchent mot à Chef Fernand, celui-ci s’empêtre dans une noire colère.

 

— Êtes-vous seulement conscient de la valeur d’une cabosse ? Madame Physie m’en donne soixante par année, ce qui me permet de fabriquer à peu près deux kilos de bonheur. Parfois le fruit dissimule soixante graines, mais il se peut aussi qu’il n’en contienne que vingt. Le chocolat vaut du diamant, et votre stupide action risque de nous envoyer dans les abysses de l’enfer ! Comment vais-je justifier une augmentation auprès du couple royal ? Saperlipopette, quel drame, quel cauchemar !

 

— Maintenant que nous t’avons éclairé sur l’état d’ébriété de la princesse, tu en es complice, et tu te soumettras à son inconstance. Ou alors, nous serons jetés en pâture du jugement et expulsés du royaume, sermonne Monsieur Blaque.

 

Alors que les tergiversations incendient les sous-sols, Royaumine, inconsciente du cataclysme qu’elle a déclenché, gambade joyeusement dans les arabesques de ses occupations.

 

(...)

 

 

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.    

 

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15 avril 2011 5 15 /04 /avril /2011 21:13

 

 

 

 

 

ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux   

Extrait 

Numéro 8 

 

Ohhh mon lecteur fidèle,

T’ai-je manqué ?

Je suis de retour, oui, moi, Royaumine, princesse des collines !

 

Certains de vous s’imaginent que les princesses ont la belle vie, qu’elles sont capricieuses et qu’elles ne font que ce qu’elles veulent…

Grave erreur…

J’ai aussi des devoirs, comme tu l’as constaté.

Au Royaume des Fleurs, les héritiers doivent suivre des protocoles sévères d’initiation à la couronne. J’ai traversé le premier la tête haute (la visite de l’asile où se cachent les individus atteints de la rumeuroïde, lis l’extrait 5 si tu as zappé !!).

 

Le deuxième, par contre, était fort agréable… il s’agissait du stage dans les espaces gourmands.

 

Tu sais mon lecteur, entre les différents extraits, je passe mon temps à inventer des stratagèmes pour trouver cette herbe magique.

 

Que d’histoires vécues, tu ne peux même pas t’imaginer. Tu le sauras quand tu auras le livre issu des arbres dans tes mains.


Les obstacles sont nombreux tu vois. Et tous ces devoirs qui ralentissent la recherche…mais parfois, ils me donnent des pistes intéressantes…

 

Durant les trois prochains billets, je te montrerai une minuscule fenêtre de ce que j’ai vécu dans les espaces gourmands.

 

J’ai nommé : Chef Cavici en cuisine, Chef Fernand en pâtisserie, et Monsieur Blaque le sommelier…

 

N’oublie pas, ma lectrice, que je vis dans un conte… un vrai conte avec des fées et des elfes… et des gens sérieux aussi bien sûr…

 

Aujourd’hui, c’est le chef pâtissier qui ouvre les extraits des espaces gourmands…

 

Pour le côté pratique, parce qu’il faut tout te dire (si, si, j’ai remarqué mon lecteur que tu étais très dissipé à la lecture…) : quand tu vois des (…), c’est qu’il y a eu des histoires entre les deux paragraphes, d’accord ? Ne t’endors pas juste-là, ce serait un affront à Chef Fernand le pâtissier du bonheur !

 

Et n’oublie pas de t’abonner à la newsletter (làààà sur ta droite) pour demeurer à jour!!!

 

Royaumine, princesse sur terre

 

 

 

&  &  &  &  &  &  &

(…)

 

Dans le fond de la cuisine, séparée par des murs épais, s’écoule en tic tac une cadence d’un autre temps.

Finis les bruits des ustensiles dans un vacarme soutenu et les odeurs de poisson gras et de verjus, ici on s’immerge dans une atmosphère molletonneuse aux contours d’essence de vanille, d’eau de rose, d’huile d’amande, de cannelle, de citron, ou d’anis. Roi dans son royaume, Fernand le pâtissier initie la princesse aux délicatesses les plus fantaisistes : biscuits et tartes aux fruits, mousses onctueuses, fondants harmonieux, caramels au beurre salé, gaufres à la pistache, mignardises, petites crêpes, pains d’épices.

Dans cette caverne féérique où les effluves de galettes chaudes éveillent le romantisme, rien n’est légué à l’imprévisible.

Chef Fernand sertit ses gestes, tel l’orfèvre, avec exactitude et gravité, et chaque gramme de farine, d’œuf, de lait et de graines est méticuleusement pesé et utilisé. Il exalte sa passion dans cet ermitage enchanté et lumineux, et si les journées grisaillent et pleuvochent, son talent les transmute en instants de soleil et de couleurs. Son imagination débordante ne rencontre aucune désobéissance.

 

(…)

 

La pâtisserie pollinise l’imagination féconde de Royaumine. Toute douceur dressée par Chef Fernand se transforme en nuage, en danse, en elfe, ou en lichen. Et depuis peu, en herbe je-veux.

 

Mais le cœur de Fernand bat pour une spécialité rare. Seul le Royaume des Fleurs possède ce nectar jouissif et Royaumine apprend avec stupéfaction que les gens accourent de tous les horizons pour en déguster un carré !

Mère Reine, au demeurant exacerbée par les trop nombreux visiteurs, a ordonné la construction d’une voie qui les conduit directement à la porte d’entrée de la chocolaterie, sur laquelle on a installé une clochette qui avertit Fernand d’une visite gourmande.  

 

(…)

 

En trois inspirations et expirations, le pâtissier du bonheur poursuit le périple, alors que Royaumine, gagnée par la fatigue, entend sa voix en sourdine agréable.

 

Ainsi choyées, les perles atteignent le Cercle de la Terre où elles sont accueillies avec faste par le maître du lieu. Madame Physie est l’unique privilégiée, parmi toutes les sorcières que comptent les contrées, à accéder aux fèves d’exception, qu’elle rapportera au château dans la plus grande discrétion. Certains savants manipulant avec prouesse la chimie ont tenté de reproduire la molécule de l’élixir, en vain. Leurs efforts ont échoué aux frontières de leurs formules artificielles. Le chocolat, c’est une histoire naturelle de longue haleine.

 

Dès l’instant où les âmes abandonnent leur fatigue aux astres, Chef Fernand se consacre à la fabrication du nectar.

Concassées, les fèves célèbrent leurs parfums de jasmin, de fruits, de fleurs. Le pâtissier se délecte et renifle longtemps les pétales de senteurs qui se répandent dans la pièce. Il les glisse ensuite dans un torréfacteur, un petit nid douillet où elles seront rôties à haute température. Cette technique évapore les acides volatils, facilite la séparation de l’amande et des coques, et surtout, délie les bouquets du chocolat. Fernand craint cette ardue opération qui, si elle échoue, extermine en quelques secondes les bijoux.

Durant tout le déroulement, suant en marées montantes, les yeux fixent en permanence les graines, et d’instinct, il décide de l’instant crucial où il arrêtera la machine.

Selon les instructions minutieuses de Madame Physie, il les broie ensuite dans un moulin qu’il a construit avec Henri. C’est son étape préférée, celle qui produit une liqueur compacte, le beurre de cacao, qui déclenche chez le pâtissier une émotion intense, presque lancinante. Par un mouvement extrêmement lent, comme lors d’un rituel sacré, il trempe le bout de son index dans le fluide noir, le frotte doucement sur le palais, et expire par le nez afin de faire passer dans son cerveau chaque particule d’arome. Ô miracle, il y découvre des notes torréfiées, acidulées, amères, et douces.

Silencieux, il contemple le prodige, et verse des larmes devant les ressources de la création.

Plus tard, pendant l’affinage de la liqueur, il créera les petits confettis fantaisistes en y incorporant du miel, du sucre et des épices. Jailliront de leurs tiroirs magiques les arômes profonds du breuvage des dieux !

À l’aube, le maître quitte la chocolaterie, les cernes creusés, en emportant dans son lit la gravure de chaque note de cette composition si fragile, si inconstante.

(…)

 

 

 

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.    

 

 

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8 avril 2011 5 08 /04 /avril /2011 17:09

 

 

 

 

ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 7

 

Chers Toi,


Avant de continuer, je me dois de te rappeler:

ce que tu lis dans les extraits, sont des extraits.

 

Comme sa définition l’indique, un extrait est un passage tiré d’un texte. Ce n’est donc pas un épisode (partie d’un texte présenté en plusieurs parties).

 

A ce triste effet, beaucoup d'éléments de l’histoire (que dis-je, des deux histoires!!) vont t’échapper. Cela ne peut être autrement.


Et c’est aussi le but de l’exercice, sinon, à quoi bon lire le livre quand il sera livre si tu l’as déjà lu et compris à travers ce blog ?

Ce serait trop facile…


Et la facilité, elle n'est pas donnée à tout le monde. Pour ma part, je l’ai perdue en cours de route, peut-être…

 

Avant de retourner aux aventures de Royaumine dans le Royaume des Fleurs, tu retrouves cette semaine notre héroïne des temps modernes, que j’ai nommée Y (si, si, un jour je te dévoilerai son vrai prénom). Comme tu l’as appris, elle a quitté son mari et même trouvé un travail. Mais sa vie est encore bien cahotique, et elle tente de recoller les morceaux.

 

Dans cet « extrait », tu comprendras mieux ce qui s’est passé pour qu’elle en arrive là…. Et tu découvriras ultérieurement qu’elle aussi vit dans l’inconscience de l’herbe « je-veux ».

 

L’auteure

 

&  &  &  &  &  &  &

(…)

 

Le soir, fixant le plafond endormi dans un battement de paupières hagard, mes souvenirs forent un puits vers mes parents. J’ai exaucé tous leurs vœux, tous leurs caprices. Même lorsqu’ils m’ont apporté mon mari comme on offre un chien ou une bicyclette. « Tiens, voilà ton mari, tu es contente ? » Comment exprimer le contraire ? Je n’avais jusqu’alors jamais formulé de prémices conceptuelles cognitives. Ça m’arrangeait.

Bifurquer sur une propre initiative dépassait tout entendement, supplice insurmontable. Besoin viscéral d’être acceptée. Une faim de l’amour insatiable. Mes parents vengeaient la perte de ma sœur. Me punissaient en me dictant ma vie, écrasaient tout embryon de sentiment, me transmettaient un message limpide : «Si ta sœur n’a pas pu choisir de continuer à vivre, pourquoi aurais-tu le droit, toi, de choisir ta vie ? » Ils m’ont nourrie et logée, je leur devais le respect. Je leur devais la survie. Toute velléité d’opposition à leurs options, toute tentative de leur montrer que j’existais aurait ranimé de manière si violente la culpabilité qui brûlait en moi que j’en serais sûrement morte.

 

La voie de la simplicité. J’ai plongé dans leur jeu la tête la première. Je ne l’ai plus relevée.

 

J’ai épousé un homme en déclarant forfait. Je me suis acquittée des tâches pratiques pour barrer la route aux incursions de mon âme, pour lui interdire de demander son dû à la vérité. Une impasse tuméfiée.

Il fallait assouvir le besoin morbide et obsessionnel de mes parents : m’empêcher d’exulter sur les chemins d’une vie joyeuse.

 

Vingt-cinq ans durant lesquels je me suis persécutée en accédant à toutes les envies et exigences de mes enfants et de mon mari. Recluse dans une terreur quotidienne qu’il leur manquât quoi que ce soit. En réalité, j’étais angoissée qu’ils disparaissent. Ils étaient ma seule bouée. Les trous d’air dans nos cœurs et dans nos âmes, nous les avons colmatés par un pansement épais de tyrannie mutuelle.

En retour, et en secret, j’attendais leur fidélité éternelle. À chaque absence prolongée de leur part, les affres de la dévastation pétrifiaient mes organes vitaux.

 

Au bout du compte, mes enfants ont abandonné une femme informe. Au bout du compte, j’ai quitté un mari apocryphe. Perfusions qui ont troué et usurpé un potentiel amour, une potentielle confiance, une potentielle bienveillance. Je n’avais pas réalisé à quel point j’incarnais leur tortionnaire, à quel point ils jouaient mes bourreaux, chacun exploitant les fragilités de l’autre pour remplir les contradictions de nos actes manqués.

 

Ma mère est morte sans qu’elle m’ait dit qu’elle m’aimait. Je ne m’en remettrai jamais.

 

(...)

 

 

Royaumine®ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine®est une marque protégée.  

 

 

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1 avril 2011 5 01 /04 /avril /2011 17:52

 

 

 

 

 


ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux   

Extrait 

Numéro 6 

 

Chers Toi, 

 

Nerveux? Tendu, ou heureux? Oups, devrais-je dire nerveuse? Tendue? Ou heureuse?  

Hmmmm, tout ce printemps fou furieux qui s'abat sur nous sans crier gare et qui nous use les neurones!! Inspire lentement, avec le ventre, expire avec la bouche... oui, c'est ça... slow-read...  

 

Pchhhht, je commence.. et ne pense pas à tes mille projets des 150 ans ans à venir, tu n'y arriveras pas.  

Viens, écoute la suite de l'histoire de notre deuxième héroïne, que j’ai appelée Y jusqu’au jour où je te dévoilerai son vrai prénom (ou pas??).  

 

Entretemps, elle a trouvé un travail, et tente de trouver ses repères, plongée dans sa nouvelle situation de femme seule.

 

 

 

L’auteure 

 

&  &  &  &  &  &  &

 

 

(...)

 

Après le service, mon souci majeur se compose d’une préparation pointilleuse à l’affalement rapide devant le bruit rassurant du téléviseur.

Sensation d’être reliée au monde, en connexion. En m’associant aux tribulations du globe, ne suis-je pas intégrée à celui-ci? Je m’informe, donc je suis. En m’immisçant aux affaires interplanétaires, j’intériorise les concepts d’altruisme et de charité : je pleure la mort de la femme assassinée en Amérique, compatis à la faim des enfants en Afrique, milite pour la protection des victimes de la guerre et des ouragans en Asie, me solidarise avec les grévistes en Europe.

Piquée en point de croix dans le canevas des mœurs « comme il faut », je m’insurge contre l’injustice et la dictature, contre la pollution et la pauvreté, j’ai pitié des clochards, vénère les sportifs et jalouse les riches. J’adhère comme le petit soldat de plomb à la pensée unique véhiculée et transbahutée par les médias. Nul besoin de prendre position, les journalistes s’en chargent, et me confient les mots de passe pour intégrer la grande famille humaniste.

Je suis en réseau.

 

La télévision rend intelligent. J’y apprends une foule de choses. Sur des sujets divers et variés. En début de soirée, j’obtiens le brevet d’avocate, le diplôme de météorologue, le certificat de nutritionniste. Plus tard, au moment où les neurones s’affaissent sur les aiguilles de l’horloge qui réclament le sommeil, on m’octroie les titres pompeux de spécialiste en astronomie, en histoire, en assurances sociales, en physique, en science des religions, en économie et finances.

 

Juste avant de ramper dans l’édredon, je m’informe sur les gens fortunés. L’essentiel réside dans le stockage : j’amasse le savoir, collectionne l’information. Quand j’arrive à satiété, et que je me sens moins vide, je quitte le salon, rejoins l’interstice du silence qui m’enlacera dans les ténèbres. La mort guette, me toise, mais la télévision est là, qui me sauve.

 

(…)

  

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.  

 

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25 mars 2011 5 25 /03 /mars /2011 13:19

 

 

 

ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 5

 


 

Héééé, bonjour lectrice et lecteur !

 

C’est dingue comme le temps s’étire lentement et file comme la lumière en une seule semaine !


Tu peux t’imaginer toutes les aventures que j’ai vécues depuis ma première communion ! Et toujours impossible de mettre la main sur l'herbe !!


Quand je ne la cherche pas désespérément, je suis une princesse comme les autres : je joue et j’ai des devoirs. Parmi les devoirs, il y a deux protocoles initiateurs destinés aux héritiers de la couronne. Je n’y échappe pas.

Aujourd’hui, Père Roi et Mère Reine m’ont appelée pour m’expliquer le premier.

Ecoute plutôt!

 

Royaumine, princesse sur terre

 

 

&  &  &  &  &  &  &

 

(...)

Le premier rite initiatique signe la visite aux malades de l’asile, édifice situé à l’extérieur des remparts du village. Il se distingue de l’hospice en ce sens qu’il accueille uniquement la population atteinte d’une maladie contagieuse, la rumeuroïde.

 

Inclinés vers leur fille comme s’ils lui susurraient un secret, Mère Reine et Père Roi lui tendent un parchemin décrivant la pathologie et la prient de le lire avec attention. Installée sous la tonnelle, elle entame la lecture.

 

Elle y découvre que l’affection est engendrée par une bactérie virulente, la muranemica esum. Ce parasite intracellulaire se développe et se reproduit très rapidement dans l’organisme de personnes qui s’embourbent dans un dogmatisme reniant les fluctuations de la vie. Parmi les germes, certains créent le ressentiment et l’animosité envers autrui, tandis que d’autres occasionnent une infection de l’appareil gracieux et courtois. Catalyseur redoutable, le microbe génère une réponse inflammatoire systémique de la joie, provoquant un choc émotionnel, voire la mort.

 

Absorbée par ce traité médical, elle continue fébrile la lecture.

 

En théorie, il est concevable de traiter la rumeuroïde dès l’apparition des premiers symptômes. À ce stade précoce, les globules joyeux de l'organisme fabriquent des anticorps qui phagocyteront les bactéries. On isole le malade dans une bassecour le temps d’une lune en lui administrant quotidiennement par voie orale un litre d’huile de jovialité, à base d’essence de rose. Il a droit à une seule lecture, les six consignes du royaume :

« Tu brosseras ta langue chaque soir et chaque matin, tu t’entraîneras à l’enthousiasme, tu pratiqueras la compassion, tu t’adonneras à une activité stimulante pour ton corps et ton esprit, tu n’émettras pas de jugement, tu honoreras les saisons. »

La cure comporte une série d’exercices visant à l’assimilation des commandements par les cellules en bonne santé. Procédé épineux. Il s’agit de préserver l’ultime charpie d’intelligence. La rapidité de la multiplication bactérienne, des milliards de descendants en quelques heures, constitue souvent l’échec du traitement.

 

Royaumine lit plus loin que la rumeuroïde évolue insidieusement. La bactérie attaque en premier lieu le muscle cardiaque, déclenchant une diminution des globules de l’allégresse. L’individu bannit le plaisir et s’éloigne du partage. Il compense son affliction par des médisances, ou des agressions verbales. Lunatique, il cherche la querelle, se plaint constamment, laisse paraître des signes d’hypocondrie. Certains malades stigmatisent les nantis, les crucifiant à la source de leur désolation. Leur rôle de victime occlut de la sorte dans le corps toute tentative de déferlement jubilatoire.

Lors de la deuxième phase, l’individu prend goût à colporter des ragots et à se lamenter, procède de manière consciente et ciblée, dans la majorité des cas envers un bouc émissaire sélectionné avec minutie. Acte intentionnel d’isoler et de nuire. Obsédé par sa nouvelle activité, il s’y jette corps et âme, et parfois, il se coalise avec d’autres infectés.

La troisième étape se caractérise par une succession de stratégies sournoises qui consistent à ébranler le quotidien de la victime et à la dégrader aux yeux d’autrui. Le bourreau expulse les flammes de l’hypocrisie et de la cruauté. Le spectre de la maladie se propage à la hauteur du sternum et le malade ressent un besoin irrépressible de dominer. Cette attitude endommage les tissus conjonctifs de la sociabilité et la moelle de la clémence. La communication s’ancre sous une forme de propos incohérents et fallacieux et la cellule souche de l’amour s’éteint. Seuls désormais le mépris, le dénigrement et la dépréciation procurent l’allégement du fardeau de la vie. La vision d’un être heureux assaillit ses nerfs. Les muscles du front se crispent, le visage se raidit, les yeux globuleux s’enlisent dans l’ombre, et la peau, ne recevant plus l’irrigation de la réjouissance, décline prématurément. Des cernes profonds creusent les orbites, la bouche grimace vers les pieds. Le malade souffre de paranoïa. Le système immunitaire ne répond plus à l’élan de la bonté.

Parfois on ne décèle que difficilement le trouble. La personne, manipulatrice, se pelote dans un débit de paroles fumeuses qui décrient le scandale du harcèlement à son égard. Elle dévoilera son vrai visage dans une situation de tensions dans laquelle elle perdra la face et se ruera sur sa victime par des invectives verbales.

Dans la majorité des cas, la famille relève chez le mal-portant une mauvaise humeur croissante et des doléances persistantes. Si elle soupçonne la rumeuroïde, elle s’adresse au médecin qui posera un diagnostic selon la tabelle des symptômes inscrits dans le Grand Livre de la Médecine du Royaume. Une fois admis à l’asile, le malade suit une thérapie qui mobilise les derniers réflexes de l’hippocampe, siège de l’amabilité et de l’empathie. Il est fréquent que le traitement essuie l’échec, et que la cellule souche de l’amour disparaisse de manière irréversible.

 

La page finale du traité explique les conditions instaurées à l’asile du village. Bien que celles-ci répondent à des critères spartiates et austères, les résidants jouissent toute l’année, sur ordre royal, d’un jardin fleuri. Sous les arbres en éclosion, ils se délectent, jour après jour, à noircir la réputation de personnes qu’ils ont fréquentées avant leur internement, à inquiéter le personnel soignant, et à se dévaloriser entre eux.

 

Royaumine enroule le parchemin et demeure songeuse. (...)

 

 

 

Royaumine® ou l’herbe je-veux est une œuvre intégrale protégée par le droit d’auteur. Toute représentation ou reproduction intégrale ou partielle faite par quelque procédé que ce soit, sans le consentement de l'auteure ou de ses ayants cause, est illicite et constitue une contrefaçon sanctionnée par les articles 425 et suivants du Code pénal. Royaumine® est une marque protégée.  

 

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18 mars 2011 5 18 /03 /mars /2011 10:06

 

 

 


ROYAUMINE

ou

l'herbe je-veux 

Extrait

Numéro 4

 

 

 

Chers toi (mâles et femelles),

 

Comme annoncé dans l’extrait numéro 2, l’histoire de Royaumine n’est pas aussi limpide que tu le penses…

Ben oui, sinon, ce serait trop facile ! Ahh, tu aurais aimé des choses faciles, légères ? Tu as raison, le monde est assez dur et compliqué comme ça !

Ne t’inquiète pas : entre sérieux et humour, tu auras ta dose tout au long des aventures de nos deux héroïnes, Royaumine et …. je te dévoilerai le nom ultérieurement. Pour l’instant, on l’appelera Y.

 

Aujourd’hui, nous suivons l’aventure de Y. Une héroïne du quotidien, comme toi et moi en quelque sorte.

 

Tu as maintenant appris que Madame plaque sa vie entière sur un seul coup de mots. Fallait le faire !!

Elle se retrouve seule, chez une amie, et n’a jamais travaillé de sa vie.

 

Mais la voilà dans une situation que nous avons tous vécue… ahh, toi pas?

 

Lis plutôt

 

L’auteure

 

 

&  &  &  &  &  &  &

 

(...)

Les bulles de gaz carbonique pétillent dans le verre. Mon rythme cardiaque subit une brusque accélération. Les impulsions électriques vers le nœud auriculo-ventriculaire se dérèglent. À cinq cents pulsations par minute, j’appelle une ambulance. L’attente provoque des spasmes nerveux dans l’intestin, je m’affole vers les toilettes du bar. Besoin urgent et pressant. Trois tonnes de papiers sur la lunette plus tard, je m’assois.

Dans quarante-cinq minutes, l’entretien d’embauche. Les coudes sur les genoux, les paumes collées au menton, mon corps évacue anxiété et nervosité, tandis que je mets en scène l’entrevue :

L’homme en face de moi, raccourci dans un costume noir, me toise en tripotant sa cravate orange. Il gesticule. Articule des mots. Stricte, ennuyeux, hypocrite, dédaigneux.

 

Les informations concernant notre entreprise vous ayant été transmises, une clarification de votre poste ne s’impose pas. Combien des trente codes linguistiques indiqués maîtrisez-vous ?

 

— Les voyages effectués dans mes vies antérieures en Asie Mineure, en Russie, et dans le bassin oriental m’octroient l’avantage de parler les langues requises.

 

Votre lettre de motivation déclare que votre profil correspond parfaitement à nos idées. Auriez-vous l’0bligeance d’expliciter ce paramètre.

 

Nettoyer des couloirs, des fenêtres, des bureaux. Donnez-moi une seconde. J’y suis : une discrétion à toute épreuve, le sens de la propreté, un grain de perfectionnisme, et une éloquence  aristocratique? Ma spécialité réside dans les lunettes : rouges, oranges, noires, jaunes, rondes, ovales, triangulaires ou rectangulaires, en bois, en plastique, transparentes, nulle ne s’affranchit de mon trouble obsessionnel compulsif. (...)

 

(…)

Ce métier impose le sens de l’urgence et des responsabilités, une grande flexibilité. Vous portez-vous garante de ces qualités ?

 

En aucun cas je ne saurais répondre aux exigences, Monsieur le tout puissant recruteur. Fainéante soixante-huitarde anarchiste, je fume et bois pour éluder le désastre planétaire. Je mendie un travail pour satisfaire à l’économie néolibérale, pour participer au maintien de la psychose ambiante, et accessoirement pour prouver aux fabricants de réfrigérateurs que j’amortis leur produit phare flanqué d’un « rafraîchisseur des cellules cérébrales » lors d’interminables soirées, engoncée dans un fauteuil bas de gamme et les yeux rivés sur un écran plasma.

 

Vous ne vous noyez pas dans les diplômes.

 

— Le spectacle pyrotechnique du Nouvel An dernier a transformé ma maison en une attraction « tout feu tout flamme ». Mes certificats y ont rejoint les âmes du purgatoire. Je poursuis actuellement une formation sur les voyages psychophysiologiques. Elle s’avérera bénéfique à l’aspiration des mauvais esprits et au dépoussiérage des résidus émotionnels.

 

Je me redresse, jette dans la cuvette les couches de papier empilées et usagées, tire la chasse d’eau en observant mon entretien s’évaporer pour de sombres desseins.  (...) 

 

 

 

 

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